à la manière des Actes des Apôtres … :

L’apôtre, la semeuse et Anna, la jeune missionnaire 

 

En ces jours-là, la communauté s’apprêtait à célébrer, avec l’apôtre H., ses cinquante ans au service du Seigneur et de ses frères. Après la messe d’action de grâce, un repas festif et partagé entre tous était prévu dans la cour de l’école située derrière l’église.

Peu avant la date de la fête, Flore, enseignante et également animatrice d’aumônerie, eut l’idée de faire décorer les abords de l’établissement, en l’honneur du bon apôtre. Elle décida donc de faire un appel au micro auprès des demi-pensionnaires : « Qui voudrait bien participer à un petit atelier, aujourd’hui et demain, pour faire de jolis panneaux qui seront affichés sur les murs de l’école dimanche ? » Le premier à accourir fut Mathias, un garçon vif et direct : « C’est pourquoi ?! » demanda-t-il.  « Pour accueillir le père H ici dimanche … Il vient manger avec ses amis ! Tu le connais, n’est-ce-pas ? » Mathias, comme la grande majorité des élèves, n’est pas croyant, mais le sourire qu’il arbore maintenant montre que, non seulement il connaît ce dernier mais aussi qu’il l’aime bien, ayant déjà, à plusieurs reprises, reçu de sa part une petite tape affectueuse sur l’épaule et entendu: « dis-moi… comment tu vas ? ». Cette chaleureuse question posée, non seulement aux enfants et adolescents, mais aussi à tous les membres du personnel qui travaillent là, signe de l’intérêt et du respect porté à tous, est toujours appréciée. Ainsi, par son affabilité spontanée et sa bienveillance, l’apôtre H réussit-il à se faire accepter par tous, jusqu’auprès d’adultes athées et toujours méfiants du fait religieux en milieu scolaire qui disent de lui : « Lui, il est formidable ! Voilà comment devraient être tous les chrétiens ! », sous- entendant  par là qu’il met en pratique l’Evangile et qu’avec son ouverture d’esprit et son discours plein d’assurance mais sans prosélytisme, il donnerait presque envie de croire !!

 

Mathias étant parti chercher des camarades, Flore scruta la cour de récréation à la recherche de jeunes de l’aumônerie. Etaient-ils encore à table ?! Aucun d’entre eux ne se porterait donc volontaire pour ces panneaux ?! Elle était un peu déçue, tout en sachant qu’il n’était pas facile pour les jeunes de l’aumônerie d’afficher devant les autres leur différence, de montrer un zèle pouvant paraître excessif, voire déplacé. Depuis le début de sa carrière, l’enseignante est également catéchiste et n’a jamais souhaité arrêter. Souvent il lui arrivait, au terme d’une matinée ou d’une journée consacrée à l’aumônerie de s’adresser à Dieu : « Merci, Seigneur, pour ces moments de grâce qu’il m’est donné de vivre avec ces jeunes ! » Aider les collégiens à progresser dans leur jeune vie de croyant, tenir compte de ceux qui sont en vraie recherche spirituelle et aussi de ceux qui sont là, réticents car forcés par leurs parents, faire éclore l’expression tout en respectant les silences, proposer des actions mais accepter aussi des initiatives hasardeuses … il est vrai qu’accompagner les jeunes sur le chemin de la foi n’est pas simple, et relève du défi … Parfois elle se demandait si elle répondait bien à leurs attentes et si son témoignage de chrétienne les touchait, les éclairait … Mais bon, soutenue par des membres de l’Eglise et fortifiée par des formations de pastorale, elle s’efforce de rendre l’ Evangile désirable et d’éveiller ce désir de bien qui est dans le cœur de chacun, elle sait qu’elle sème quelque chose …

 

Des filles se sont avancées, attirées par les stickers brillants, en forme de cœur, dépassant du carton de décoration apporté par Flore : « Nous, on veut bien faire les panneaux ! » Deux petits groupes se sont donc formés autour de larges bandes de papier déployées sur des tables, et se sont emparés avec fébrilité des ciseaux et des feutres de couleurs … Tout à coup Flore a vu arriver Anna, de l’aumônerie de 6ème. Celle-ci lui adressa un sourire furtif puis rejoignit le groupe des filles qui préparait une affiche remerciant le père H pour tout ce qu’il faisait à l’école. Peu après l’enseignante l’entendit suggérer : « Et si on dessinait un calice pour représenter les messes qu’il célèbre ? » Une copine lui demanda : « Qu’est-ce que c’est qu’un calice ?! » Anna répondit : « C’est comme une coupe…Tu peux m’en dessiner une ? » Son amie regarda les couleurs mises à sa disposition : « Tu la veux dorée ? » «-Non », dit Anna, « fais-la marron, toute simple… » Et sous le regard embué de Flore, émue des conséquences si imprévisibles de son projet de décoration, Anna, son petit minois parsemé de taches de rousseur penché sur le papier, se mit à raconter à ses camarades attentives le dernier repas qu’un certain Jésus prit avec ses amis, il y a 2000 ans, avant de …