Actes

Faisant partie d’une association* d’aide aux détenus par la correspondance, je viens de vivre ma deuxième sortie de correspondance, la personne ayant été libérée. Rares sont les échanges qui se poursuivent au delà du temps de détention, ceux-ci se faisant pour notre part sous couvert d’un pseudonyme et d’une boite postale et les personnes une fois libérées préférant généralement couper les ponts.

La rencontre que j’ai vécue avec Brigitte pendant trois ans a été extraordinaire. Elle qui était incarcérée m’a fait voyager de l’Ile de la Réunion en passant par la Bretagne et enfin la Lorraine. Au rythme d’une lettre toute les quinzaines (plus de 4 pages), j’ai accompagné une personne avec une énergie très forte, ouverte aux autres, ayant vécu des choses très graves dans sa propre famille. La relation que nous avons eue a été très franche. Je ne l’ai jamais tutoyé alors qu’elle le faisait de son coté. S’est engagée une relation très confiante : elle m’a confié que dans son parcours elle avait été à Lourdes pour le Rosaire ce qui m’a réconforté. Il n’était pas question de « bondieuserie » mais du message de Lourdes que les pauvres, les souffrants sont aimés tout spécialement de Dieu, réalité qu’elle vit pleinement : connaissant la difficulté, elle avait le désir d’aider et de soulager celle des autres.

Pendant ces trois ans, beaucoup de choses se sont passées : la recherche de l’amour : une histoire d’amour avec un détenu qui a failli se concrétiser et qui s’est terminé à la sortie de celui-ci. Une reprise des liens avec sa famille et des pardons posés. La mise en route d’un projet professionnel. Un travail de deuil concernant un fils qu’elle avait perdu. Je ne l’ai jamais questionné sur ce qui l’avait conduit en prison. Dans l’association, c’est une règle de ne pas chercher à savoir si la personne n’en parle pas. La dernière année a été très forte avec une décision de rentrer en France d’abord et ensuite de revenir dans sa région d’origine, de faire un retour dans sa famille enfin après une absence de vingt ans. Devant tant de détermination à reprendre le fil de sa vie, je suis admiratif et je rends grâce au Seigneur pour ce qu’il fait!

Aujourd’hui, Brigitte a été accueillie à sa sortie dans une association de réinsertion. Elle a monté elle-même une association avec d’autres pour aider les personnes étrangères. Elle travaille pour monter sa propre entreprise. Elle a rencontrée quelqu’un et doit être mère d’une petite fille à l’heure qu’il est. Longue vie, Brigitte !

* L’association s’appelle « le courrier de Bovet ».