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Immortel ?

J’ai un grand sujet de fierté dont je ne me suis pas vanté souvent : j’ai été dénoncé à Rome pour avoir dit que je ne croyais pas à l’existence d’une âme immortelle. Reconnaissez que ce n’est pas donné au premier venu ! D’autant plus que Rome a relayé l’accusation auprès de mon évêque de l’époque qui a commencé par me passer un sacré savon avant de m’écouter.

Je pense effectivement qu’il n’y a rien d’immortel en nous, rien qui puisse tenir face à la mort. D’ailleurs, si j’ai bien compris, les chrétiens ne croient pas en l’immortalité de l’âme (ça, c’est Platon) mais à la résurrection de la chair (pas de notre viande !), ce qui est bien plus stimulant.

Qu’est-ce qui, en nous, pourrait résister à la mort ? Rien. Seul l’amour créateur que Dieu nous porte est sans limite, il n’y a que lui pour nous faire tenir aujourd’hui et pour toujours. Nous ne sommes en rien autosuffisants. Certes, nous nous maintenons dans l’existence grâce aux liens que nous maintenons avec ceux qui nous entourent, nous soutiennent et qui nous aiment mais c’est essentiellement grâce à l’amour de Dieu qui nous permet de vivre au jour le jour au sein de ce monde qu’il anime en permanence. 

En outre, les chrétiens croient que le Père ne saurait nous oublier et qu’il fait de nous une création nouvelle à notre mort. Ce n’est pas un redémarrage à zéro comme on fait un reset sur une machine défaillante, ni un prolongement indéfini de notre existence actuelle, pas toujours réjouissante, mais l’offre d’une nouvelle vie, non sans lien cependant avec notre vie précédente. 

En effet nous sommes perdus si nous sommes incapables de recommencer à communiquer, à aimer, à être en relation avec ceux qui font notre vie, ceux que l’on aime et qu’on a aimés, à nous enthousiasmer, à goûter la beauté de la Création, à découvrir en permanence des choses nouvelles, à donner la vie… Ce sont toutes ces capacités et ce qu’elles ont construit au cours de notre histoire, qui forment notre chair et c’est avec elles que nous ressusciteront. Il est bien clair qu’elles ne peuvent exister sans un corps, l’âme ne suffit pas. Or, si, enfermés dans nos cellules, nous sommes, pour l’instant, limités dans notre désir de vivre pleinement, la foi chrétienne nous promet un corps renouvelé où exploseront nos petitesses en faisant de nous une création nouvelle. 

Nous peinons à y croire, déjà que l’immortalité de l’âme était difficile à avaler !

Bien sûr, s’il n’y a personne pour nous ressusciter, cette croyance n’est qu’un doux rêve tout juste bon à consoler des difficultés de notre temps les faibles incapables d’assumer leur condition humaine. Mais s’il existe quelqu’un de semblable, c’est une formidable espérance qui s’ouvre, bien au-delà de l’immortalité de l’âme.

Nous allons ressusciter comme Jésus, telle est la promesse du Nouveau Testament. Lui n’a pas été épargné par la mort, il n’a pas fait semblant de mourir, il est passé par là comme chacun de nous. Mais « Dieu l’a ressuscité », telle est la proclamation que Pierre répète comme un refrain lors de sa première prise de parole après la Pentecôte. Il ne dit pas qu’il s’est ressuscité tout seul ni qu’il a traversé la mort sans encombre, c’est le Père qui l’a ressuscité.

Alors, nous ressusciterons comme lui. Pas à l’état de fantômes ou de vagues esprits. Jésus, ressuscité par le Père, peut rencontrer les siens, ceux qui ont été importants pour lui ; bien qu’il soit autre, on finit par le reconnaître à sa voix, à ses gestes, aux traces qu’il garde de sa vie précédente, à son attention aux autres et à sa délicatesse. Il est différent mais c’est la même personne jusque dans sa vie avec le Père.

Ce sera pareil pour nous… enfin, on ne sait pas trop comment…

Suite à l’exposé de mes raisons, mon évêque ne m’a pas condamné et le Vatican n’a pas donné suite…

Et vous ?