Nous étions quelques centaines de chrétiens rassemblés sur le miroir d’eau de Bordeaux, en cette aube de Pâques, pour proclamer : « Christ est ressuscité ! Alléluia ! »

Une prostituée, très en colère, a fait irruption dans notre groupe tentant d’arracher une caméra, mettant en danger l’équilibre précaire des baffles empilés… Son petit camion étant à proximité, nous la dérangions dans son travail.

Il a fallu l’expulser fermement ; à plusieurs reprises même parce qu’elle revenait sans cesse. Je ne me sentais pas très à l’aise mais que faire d’autre ?

Pour couronner le tout la fin de l’évangile de Marc où il est dit que Jésus ressuscité apparaît d’abord à Marie de Magdala réputée pour sa mauvaise conduite passée a été lue en suivant. Elle part aussitôt annoncer la bonne nouvelle aux autres disciples.

Manifestement, Jésus, mieux que nous, savait parler aux prostituées et parvenait à les toucher au cœur. Nos priorités étaient différentes : nous étions rassemblés entre chrétiens pour faire grandir en nous la foi en la résurrection et cette femme ne s’est pas sentie concernée malgré la majesté et la diversité des chefs religieux présents… Il n’est pas si simple de sortir de nos cercles, même œcuméniques !

Pour tout dire, une personne sérieusement alcoolisée a su trouver dans l’assistance quelques oreilles attentives pour partager ses problèmes. Serions-nous plus performants avec les buveurs qu’avec les prostitués ? Ça ne serait déjà pas si mal !