Jean (3, 14-21)

Dans cet évangile, il est beaucoup question de jugement or personne n’a envie d’être jugé… ce serait forcément être coupable et beaucoup refusent même de se reconnaître pécheurs ! Cependant, il est important d’accepter les remises en cause. Venant de soi-même d’abord : chacun, pour sa vie, a pris des décisions, a retenu des valeurs, a choisi des directions qui donnent un sens à son existence. Il nous arrive alors de vérifier si nos décisions se sont réalisées, si nous avons été fidèles à nos idéaux et aux lois que nous acceptons… « Où en suis-je ? » :  la question mérite d’être posée régulièrement.

La situation inverse, d’ailleurs, est d’autant plus préoccupante, c’est celle de ceux qui sont sans repères, sans règles, sans valeurs, qui ne savent pas donner de directions à leur vie. Ils risquent fort d’errer sans but, esclaves des événements, sans raison de vivre. Celui qui refuse les remises en cause se prive ainsi des moyens de vérifier ses projets, si même il en a…

Quiconque se donne au contraire des structures, et fait en sorte que sa vie s’organise autour des valeurs qu’il a choisies, accepte aussi les jugements afin d’évaluer sa fidélité et ses progrès. Le Carême, c’est aussi cela : un moment pour faire le point, pour se juger soi-même et avancer résolument dans les directions qui sont les nôtres, en reprenant le sens de notre vie. 

Si se juger soi-même est important, il est bon aussi d’accepter parfois d’être jugé par les autres. Sans être esclave de leur jugement, cela permet d’avoir un avis extérieur de la part de ceux qui nous veulent du bien. S’entendre dire : « Tu n’aurais pas dû… tu pourrais faire… » aide à se corriger parce qu’il arrive aussi que les autres y voient plus clair que nous !

Le texte de l’évangile propose un test supplémentaire : allons-nous ou pas vers la lumière ? Tout ce que nous faisons dans le noir est probablement suspect. Ce que nous disons en secret les uns des autres, mieux vaudrait le garder pour nous ! Jésus nous invite à nous mettre dans la lumière : « Celui qui fait la vérité vient à la lumière ». Oui, la vérité « se fait », notre existence est à construire dans la vérité. Et chaque fois que nous agissons ainsi, nous allons à petits pas vers la lumière, celle des autres et celle de Dieu. Tel est le jugement le plus important. 

Croire en Dieu, croire aux autres, en soi, en des valeurs… est-ce que cela nous transforme de l’intérieur, nous fait grandir, nous ouvre à la lumière ? Est-ce que progressivement nous construisons notre existence dans la vérité ? C’est ainsi que nous irons vers la lumière de Dieu, la lumière de Jésus-Christ, et que cette lumière nous envahira faisant de nous des hommes nouveaux.