
Le Saint Esprit est plein de mystères. Deux me semblent une invitation à la réflexion pour aujourd’hui. Tout d’abord, l’Esprit saint n’est pas là pour faire des révélations sensationnelles. Tout ce que contient la foi a été apporté par Jésus et est transmis dans les évangiles : inutile donc d’attendre des nouveautés venant de voix célestes. L’Esprit nous aide simplement à comprendre ce que Jésus a fait, a dit, ce qui a été écrit dans les évangiles à son sujet et nous en avons grandement besoin pour nous guider, nous éclairer ! Nous qui lisons et relisons les évangiles, qui nous efforçons de les méditer, nous y découvrons en permanence de nouvelles lumières qui accompagnent nos progrès dans la foi. Pour ne pas nous égarer, nous avons bien besoin de l’Esprit Saint pour saisir en profondeur la portée de ce que Jésus a dit, a fait, ce qu’il a voulu dire et ce qu’il a réalisé par sa mort et sa résurrection.
Le deuxième aspect qui me frappe depuis longtemps dans le récit de la venue de l’Esprit sur les Apôtres est que, tout en s’exprimant comme des Galiléens, ils sont compris d’un auditoire d’horizons différents. Ils n’utilisent pas un langage universel comme ceux qui, aujourd’hui, tentent de communiquer au moyen d’un anglais approximatif (à l’époque, c’aurait été plutôt un grec populaire) : par ce moyen, on n’échange que sur des domaines techniques ou superficiels. Le message bouleversant transmis par les Apôtres est saisi par chacun dans sa langue maternelle, dans son dialecte, et c’est cela qui est exceptionnel. Que l’essentiel de la révélation de Jésus soit audible pour tout le monde, voilà le rêve des chrétiens ! Or il est pratiquement impossible de partager ce qui nous tient le plus à cœur dans une langue qui ne nous est pas familière : nous n’avons ni les mots ni les phrases pour cela. C’est d’autant plus vrai que notre expérience de croyants, dans ce qu’elle a de plus intime, est difficile à transmettre. Nous nous heurtons régulièrement à l’incompréhension ou au manque d’intérêt de nos interlocuteurs. Même avec un a priorifavorable, ils ne se sentent pas concernés par ce que nous tentons de leur dire.
Peut-être qu’ils n’écoutent pas bien… mais peut-être aussi que cela vient de nous. Comment nous, chrétiens, pouvons-nous devenir capables de nous adresser à chacun en particulier ? Aux jeunes comme aux vieux, et aux enfants… Comment trouver les mots pour toucher au cœur nos contemporains dans leur diversité ? Comment rejoindre ceux qui ne sont pas de chez nous : les étrangers, ceux qui ont emprunté des itinéraires différents des nôtres, qui n’ont pas notre histoire ? Les vieux chrétiens ont une longue expérience de la foi, devenue pour eux une quasi évidence. Comment la partager avec ceux qui n’ont pas fait le même parcours ? Certains, qui nous aiment bien pourtant, ne se sentent pas concernés et ils arrivent encore moins à croire.
Nous aurions bien besoin de l’Esprit pour nous retrouver en familiarité avec les autres dans leur dialecte, dans leur manière de voir la vie, dans leurs espoirs et leurs craintes, dans les diversités qui viennent de leur âge et de leur histoire. Cela demande de sortir des généralités en ne se contentant pas de phrases toutes faites : « Christ est ressuscité », « Jésus, t’aime », ni des leçons tirées du catéchisme… Beaucoup ne voient pas le rapport entre nos proclamations, qui leur semblent creuses, et leur vie. L’Esprit Saint devrait nous aider à rejoindre chacun dans son cœur, dans son histoire, dans sa manière d’être pour que la Bonne Nouvelle que nous avons la prétention d’annoncer le rejoigne au plus intime, en fonction de son âge, son histoire, son origine, le lieu où il habite… et qu’il choisisse en connaissance de cause !
Demandons à Jésus qu’il nous envoie l’Esprit Saint pour que nous apprenions à nous adresser à chacun dans sa langue…