Actes suite

Yohan, à 24 ans est d’une engeance de voyou. Il a grandi dans la rue, privé de toute structure familiale et rebelle à toute éducation. Profitant de sa carrure athlétique, ses camarades d’infortune n’ont pas eu de mal à en faire leur outil. Le besoin d’argent, les mauvaises fréquentations, la surenchère dans les « exploits » de la bande, l’ont amené à multiplier les effractions, commerce illicite, vols à main armée.
Je lui rends visite depuis 10 mois au Centre de détention, seul contact qu’il connaisse, une heure par quinzaine. Sa condamnation de huit ans aujourd’hui risque fort d’être allongée par suite des toujours nouveaux jugements qui l’appellent au fur et à mesure que se dévoilent de nouvelles fautes passées. Son agressivité envers la société, toujours virulente, passe par des méandres où il enfouit rancune envers les siens qui l’ont abandonné (excepté une grand’mère qui se meurt de chagrin), envers ses camarades qui se sont évanouis, haine envers l’Institution, la société.
« Mais toi, pourquoi tu viens ici ? qu’est-ce que tu recherches ? qu’est-ce que ça t’apporte de visiter des prisonniers? »
« Je ne viens pas visiter des détenus, je viens te voir à toi, Yohan, je viens voir aussi Alex, Thierry et Laurent. Tu payes pour ce que tu as fait d’erreurs ; mais quand tu auras tout payé, à la fin de la peine, tu seras un citoyen en règle avec la société. Pendant ce temps de la détention, tu ne dois pas mettre ta vie entre parenthèses, tu restes un homme, tu peux réfléchir à comment mieux occuper ton temps, te préparer à changer de vie, établir des projets. Moi, je ne suis pas différent des autres, mais je veux t’aider. »
« Alors, tu es catho ? »
« Je suis chrétien, et ma religion m’a appris à rester proche de ceux qui souffrent. Je ne peux pas être toujours près de toi quand ça ne va pas, mais je te le dis, dans tes moments du creux de la vague, il y a quelqu’un qui pense à toi, qui souffre avec toi. Courage Yohan »

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