Cet été sur une proposition de notre Fils , nous avons accueillis chez nous un couple et leurs quatre enfants Lituaniens responsable de l’ Arche de Jean Vanier en Lituanie .avec très peu de moyen . Ce fut un moment très fort d’échange et de partage . Ils repartent dans leur pays à la fin du mois . Ils nous ont écrit avant de repartir pour nous remercier de « votre accueil si chaleureux , de votre cœur plein d’amour , votre bonheur de vivre aimer par Dieu ….. « Ils nous ont donné leur adresse et attendent de nos nouvelles et réciproquement …..
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En quoi je « missionne » …
D’abord, la « mission » m’importe, réellement, malgré toute la modestie qu’elle oblige à adopter, parfois au-delà du raisonnable ! Je ne peux dissocier en rien ma « mission » chrétienne et ma conduite au quotidien, les deux sont bien indissociables, et d’autre part, je ne peux l’apprécier que par rapport à moi et au Christ, donc intérieurement, sans être dans la volonté, ou la capacité, à « révéler » mon christianisme à l’extérieur.
C’est bien dans ma vie professionnelle qu’elle me « parle » le plus, en essayant de créer les conditions d’un meilleur quotidien pour les familles des quartiers d’habitat social. Je fais cela dans un milieu professionnel où je sens que le christianisme disparait quasiment ou n’est en rien, ou presque, un indicateur, mais plutôt un obstacle, un frein du « passé » dont il faut se défaire, ce qui est parfois lourd à vivre. Cette mission me pousse à garder une relation forte et vraie avec les populations les plus pauvres, les plus modestes financièrement, relation qui demeure un acte volontaire, parce que je suis moi-même plutôt « riche et bien portant ». Je pense souvent à cette parole qui dit « il est plus facile à un chameau de passer dans le chas d’une aiguille qu’à un riche de rentrer dans le royaume des cieux ». Elle me parle, parce que je suis objectivement dans ce cas et que rien ne sépare plus, en terme de psychologie, de vision du monde, et donc, en conséquence, de pensée et d’attitude au quotidien. J’essaie donc de me « mettre à la place » de cette population à laquelle je tente d’apporter un service, de penser avec elle, d’être « transparent » à elle, pour mieux agir « pour » elle, et de garder le contact direct avec des personnes parmi elles, ce qui est la meilleure aide dans ce sens.
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Je ne cache jamais ma foi ou mes engagements. Non pour en faire étalage, d’ailleurs ça n’épaterait personne, ce serait même plutôt le contraire, mais parce que cela fait partie de moi : je ne serais rien sans ma foi, sans cette certitude que Dieu m’aime et que par sa mort et sa résurrection, Jésus a fait de nous des vivants pour toujours.
Cette foi, je la tiens d’une tradition qui me vient d’abord de mes parents. C’est leur propre foi et le témoignage qu’ils nous en ont toujours donné, y compris même à l’heure de leur mort, qui m’a fait croire et qui m’a amenée à mon tour à témoigner, vis-à-vis de mon mari, de nos enfants, de nos amis, des gens avec qui je suis amenée à discuter.
Mais c’est toute une série de rencontres et d’appels qui ont contribué à nourrir cette foi et m’ont donné l’envie de m’engager plus loin. Je pense à cet aumônier militaire dont j’ai oublié le nom mais retenu le surnom, qui ne payait pas de mine, mais avec qui je me souviens avoir discuté des heures dans son bureau (je devais avoir 9 ans). Je pense aux aumôniers du lycée (le Père Deglaire, un ancien gynécologue devenu prêtre, aumônier dans un lycée de filles, un autre dont j’ai oublié le nom, mais qui avait été missionnaire en Chine, emprisonné et torturé à cause de sa foi), aux aumôniers du CEP à Jussieu (en particulier le Père Lustiger). Il y a eu le Père Georges qui, le premier, m’a appelée à m’engager dans la catéchèse et tous les autres prêtres de la Paroisse avec qui j’ai travaillé. Chacun m’apportant quelque chose de différent.
Il me semble important aussi d’ajouter que pour annoncer l’Evangile, il faut bien sûr témoigner, mais il est important aussi de se former, afin de nourrir sa foi.
J’ai longtemps travaillé en catéchèse, je continue à témoigner dans les préparations au baptême ou en accueillant les personnes qui se présentent à l’accueil de Saint Jean-Marie Vianney. Plus tard, sans doute, je serai appelée à annoncer l’Evangile autrement.
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Contribution aux Actes des Apôtres
Il n’y a pas beaucoup de situations où j’ai agi, explicitement, en tant que chrétienne envers autrui ; néanmoins, je suis sortie de ma réserve au moins une fois, il y a deux ou trois ans, quand une de mes collègues de travail est tombée en dépression grave suite au décès de sa mère.
Alors qu’elle déjeunait habituellement avec nous tous, elle s’est enfermée dans son bureau, n’est plus venue prendre le café, a fui tous les collègues même les plus proches, dont je ne faisais d’ailleurs pas partie (elle m’agaçait même un peu par son exubérance et ses gamineries qui me choquaient parfois, et je ne recherchais donc pas sa compagnie spécialement)
Ayant constaté son absence prolongée, et informés de ses difficultés à faire face à son travail, nous nous sommes inquiétés pour elle.
Noël approchant, j’ai ressenti comme un appel à lui manifester l’espérance que représente la naissance et la venue du Christ dans nos vies.
Je savais qu’elle avait fait baptiser son fils quelques années auparavant, dans notre paroisse de Pessac, mais je ne savais pas où elle en était de sa foi, ne l’ayant jamais croisée à l’église. Puis elle avait déménagé dans une autre commune de Gironde.
J’ai passé un dimanche soir à rédiger une petite carte pour elle, embarrassée à formuler en quelques mots, sans condescendance ni prêchi-prêcha, des paroles de paix intérieure, d’espérance, de patience et de douceur à son égard, l’assurant de mes prières pour que les fêtes de Noël se passent pour elle et sa famille, dans la Joie, tout en l’assurant que je ne voulais forcer ni les confidences, ni une amitié qui n’était pas indispensable à ma bienveillance et à notre fraternité en Jésus.
J’ai déposé la carte dans sa case.
Les mois ont passé, elle a remonté la pente doucement, repris ses relations avec les collègues autour du café.
Elle est venue me voir dans mon bureau un jour, longtemps après, pour me dire combien elle avait apprécié ma petite lettre, et y avait répondu par mail, que je n’ai malheureusement pas lu car pas reçu, ou effacé par erreur). Elle reconnaissait se sentir loin de l’église en cette période douloureuse pour elle, mais avait été touchée de mon attention pour elle.
Nous avons pu découvrir, je crois comment on peut avoir le souci sincère les uns des autres, se faire du bien, sans se forcer à être des amis, en respectant ce que nous sommes .