Bonne Nouvelle

On le sait : le mot évangile signifie bonne nouvelle. 

L’évangile est-il encore perçu comme une bonne nouvelle par les hommes de ce temps ?

Ce n’est pas le cas pour certains parce qu’il est trop exigeant : quand on veut tout et tout de suite, quand on succombe à ses seules envies du moment, quand on fonctionne au naturel ou à l’immédiateté du désir, il impose des délais insupportables à notre satisfaction…

Si les évangiles séduisent souvent à la première lecture, ils ne comblent pas de suite celui qui se met à leur école ; ils bousculent le chrétien quand il se croit arrivé ou se contente de la routine, ils lui montrent qu’il faudrait aller toujours plus loin. Ils appellent chacun à la conversion, quelle que soit sa situation : même si nous sommes au plus bas, ils nous invitent à faire un pas en avant. C’est trop exigeant pour ceux qui préfèrent se laisser vivre et ont peur de se mettre en question.

Par contre, le chrétien qui persiste, délivré de la prétention d’être parfait ou de le devenir, s’efforce, lui, sans cesse sur les chemins de l’amour de Dieu. En effet, qu’elle est la bonne nouvelle qui nous arrache au désespoir sinon : Dieu nous aime alors que nous ne le méritons pas. Celui qui se sent aimé, cherche à répondre à l’amour qu’on lui porte, même s’il ne se croit pas à la hauteur ; il est sans prétention. On ne fait pas la course avec celui que l’on aime !

Pour devenir chrétien il faut vivre dans ce manque, sentir le besoin d’être aimé.

Malheureusement ce n’est pas de cette manière que la foi est présentée le plus souvent. À entendre certains ce serait au contraire une course à la perfection morale ; la conquête, au prix d’efforts considérables de renoncements, d’une pureté inhumaine vécue dans la stricte conformité aux dogmes. 

Le chemin de la perfection est tout autre. Il pourrait se résumer ainsi : je voudrais être parfait et je n’y arrive pas, alors j’accepte mes limites et je me laisse faire. À la minute même où j’aurai renoncé à l’impossible perfection, celle que l’on prétend atteindre à la force des poignets, je pourrai commencer à devenir chrétien. C’est grâce à ma faiblesse assumée que Dieu pourra me rejoindre. En me croyant suffisant, je fais obstacle à sa venue.

Certes, ce n’est facile pour personne, et particulièrement pas pour ceux qui ne veulent dépendre de personne, qui ne comptent que sur leurs efforts pour grandir et s’affirmer. Pourtant, là est la Bonne Nouvelle : c’est quand je suis faible que je suis le plus fort. Oui, je sais, ce n’est pas de moi, mais rien n’est de moi…

Le carême est justement le moment favorable pour faire l’expérience de nos limites et de nos lourdeurs. Nous avancerons par rapport à ces dernières, moins par des efforts désespérés ou par des mortifications stérilisantes que par une confiance renouvelée en ce Dieu qui nous sauve. Le carême en invitant au partage, au jeûne et à la prière permet d’éprouver que nous vivons par les autres, par la nature et par Dieu. Les manques que je ressens volontairement en me faisant solidaire, en mettant mon corps à l’épreuve, en me tournant vers Dieu, nous font expérimenter, au delà des discours, que nous ne vivons pas par nous-mêmes, qu’il faut renoncer à nos fantasmes d’autosuffisance. 

Croyez à la Bonne Nouvelle pour accueillir la Pâques du Christ.

Laisser un commentaire