Notre pape François me fait bonne impression. J’ai encore peur d’être déçu comme chaque fois que j’ai espéré en quelqu’un, mais il est différent : charismatiques ou pas je n’attendais pas grand chose des précédents. Ils ne m’ont pas beaucoup surpris.
Il me semble surtout qu’il aime les gens ce qui est nouveau. Il parle d’affection, de tendresse et pas simplement de charité ou d’agape. C’est peut-être la même chose mais ça passe mieux, surtout quand ça se traduit concrètement.
L’église fait trop souvent la morale. Elle rappelle les grands principes, critique ceux qui y dérogent, les exclut dans certains cas, leur interdit l’accès aux sacrements. On croirait les chrétiens qui la composent au dessus du lot, comme s’ils n’étaient pas du monde et pécheurs.
Certains bons chrétiens me plaisent davantage. Comme ils ne renient pas leurs principes, ils souffrent de voir leurs enfants ne pas suivre le chemin qu’ils leur ont montré : pas mariés, divorcés, ils ne font pas baptiser leurs enfants, ne pratiquent pas, certains proches se découvrent homosexuels. Ces parents se posent des questions sur l’éducation qu’ils ont donnée à leurs enfants mais ils continuent à les aimer tendrement quoi qu’il arrive. L’église ferait bien de s’inspirer de leur comportement tandis que ceux qui sont fiers de leur progéniture parce qu’elle leur ressemble trait pour trait pourraient s’interroger à leur tour… Les fils trop soumis m’inquiètent, surtout quand ils le sont de l’église.
Jésus nous invite à aller vers les pauvres et les déviants. Mais ceux-ci, il faut le savoir, si on cherche à les rencontrer pour autre chose que leur donner un vêtement ou un casse-croûte, ne sont pas bien sous tout rapport. Marqués par la vie et par leur éducation, ils sont souvent inconstants, ils peuvent être sales et impolis voire violents, démunis ils trouvent difficilement une place dans la société… Bref ils ne sont pas fréquentables, pas « intéressants » et pourtant Jésus nous invite à les fréquenter comme lui l’a fait ; il s’est même identifié à eux alors que rares sont les pauvres de bonne compagnie.
« À ce point détruite, son apparence n’était plus celle d’un homme, et son aspect n’était plus celui des fils d’Adam […] Il n’avait ni aspect ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui l’on cache son visage ; oui méprisé nous ne l’estimions nullement. » Isaïe 52, 14 ; 53, 2-3. Jésus s’est identifié à ce Serviteur souffrant.
Du coup ceux qui ne sont que divorcés ou homosexuels sont moins repoussants !
Les chrétiens dans leur grande majorité sont de classe moyenne. Leur tendance naturelle est d’aller vers ceux qui leur ressemblent, tout en se penchant avec plus ou moins de condescendance sur les autres. Pourtant, « si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » Luc 5,46-47
Comment l’église pourrait-elle avoir un regard d’amour sur ceux dont elle ne cesse de condamner les façons de vivre ? Et les chrétiens ? Les « vrais pauvres » nous rebutent parce qu’ils ne sont pas attirants, mais c’est vers eux que Jésus nous invite à aller.
On ne peut pas à la fois critiquer sans cesse les comportements déviants de notre société, y compris quand ils sont le fait de gens bourrés d’argent et aimer les gens.
Ça y est, les gens ont compris que nous n’étions pas d’accord avec le mariage pour tous. Maintenant la question est : comment allons-nous aimer les homosexuels qui se marient et ceux qui ne se marient pas ? Quelle place donner dans l’église aux divorcés ?
Comment aimer un mendiant qui ne veut pas travailler, un chômeur en fin de droits qui a perdu tout espoir, ceux qui sont indifférents à notre espérance ?
Aimer les gens sans faire le tri n’est pas facile, surtout quand on ne sait pas trop comment les aimer. Pourtant c’est une obligation pour les chrétiens non seulement d’aimer notre monde et les hommes qui le constituent, mais même de partir du principe qu’ils sont aimables, en particulier parce que ces derniers sont à l’image de Dieu, habités par l’Esprit et que dans notre monde le Royaume est déjà là, il commence, il se construit. C’est un péché de désespérer de notre monde et de nos frères les hommes.