
Jésus a quitté notre terre, il a laissé tous ceux qu’il a aimés, les gens de rencontre et les disciples qui l’ont accompagné. Il le fallait, tellement son petit pays l’enfermait ! Certes, sa parole était universelle mais il ne côtoyait qu’un petit nombre de personnes. Il fallait qu’il sorte de cet ancrage, celui-ci était incontournable, bien sûr, puisqu’il était devenu homme et qu’il se devait d’exister quelque part, mais insuffisant pour se rapprocher personnellement de chacun d’entre nous. Alors il est parti et cependant, bien qu’il soit « monté au ciel », il veut rester au plus près de nous jusqu’à la fin du monde. Ce n’est donc pas dans le ciel qu’on le trouvera…
Telle est la contradiction de la fête de l’Ascension : si Jésus nous quitte, s’il abandonne un lieu précis, une petite communauté, c’est pour être présent partout et à tous, au plus près de chacun.
Cette proximité prend des formes très concrètes. Elle passe d’abord par ses disciples qu’il envoie dans le monde entier proclamer la bonne nouvelle. Jésus reste donc proche avant tout par les chrétiens qui continuent à porter sa parole. Nous, chrétiens, sommes la présence de Jésus dans notre monde, c’est à nous à parler. Si nous ne témoignons pas, il ne se passera rien. Chaque chrétien doit se sentir responsable de la venue de Jésus aujourd’hui. Si nous nous taisons, la foi disparaîtra progressivement, comme c’est le cas dans bien des familles. La foi ne s’invente, pas plus que Jésus ou Dieu. Il faut que des témoins parlent et agissent car la bonne parole ne peut suffire si elle n’est pas accompagnée de ces signes de la présence de Jésus que sont nos manières d’être et de vivre avec les autres. Nous sommes ces témoins vivants.
Pour ce faire, comme le rappelle la fête de Pentecôte qui est proche, il faut que nous soyons animés par l’Esprit. Nous sommes des transmetteurs, des passeurs, des révélateurs de l’Esprit qui vient en nous et en tous les hommes. Jésus en partant nous envoie l’Esprit qui habite en chacun de nous personnellement ; c’est aussi de cette manière qu’il se rend présent au monde.
Sa présence se réalise enfin par l’Église qui commence dès que nous sommes deux ou trois réunis en son nom : alors, en effet, il est au milieu de nous. Elle permet de matérialiser la présence de Jésus dans le monde et cela passe par les sacrements mais aussi par les petites communautés qui constituent la grande Église.
Jésus a donc multiplié les signes matériels de sa présence. Réalités assez quotidiennes malgré tout : il s’en va mais il envoie les chrétiens comme témoins, il envoie l’Esprit, il continue à vivre dans l’Église, il concrétise cette présence dans les communautés que nous formons et par la communion que nous recevons…
Il faut donc prêter attention à ce que disent les anges après le départ de Jésus : « arrêtez de regarder le ciel ». Les chrétiens ne sont pas de ceux qui ont la tête en l’air, ils regardent le monde parce qu’ils croient que Jésus est là et que c’est là que nous sommes envoyés, auprès des gens que nous aimons, de ceux que nous n’aimons pas assez, de ceux que nous n’aimons pas du tout. C’est par nous, chrétiens, que Jésus est présent dans notre monde.