Une célébration n’est pas un temps de prière comme un autre. Nous ne sommes pas réunis dans une église comme des croyants mis côte à côte pour prier chacun personnellement. Tout le monde ne l’a pas compris surtout si l’image qui reste dans les têtes et celle de pratiquants en train de dire leur chapelet ou de prier pendant que le prêtre dit ses prières en latin, dos au peuple.
Il est bon qu’il y ait des temps de prière personnelle, des moments de silence, des espaces laissés à l’intériorité, mais là n’est pas l’essentiel d’une célébration communautaire. Il y a d’autres lieux et d’autres temps pour cela que les chrétiens sont invités à fréquenter et à vivre.
Le changement de direction géographique opéré depuis Vatican II est important pour exprimer ce changement de perspective : nous ne sommes pas tous tournés, derrière le prêtre, vers Dieu, qui serait vers un Est mythique ou vers Jérusalem. Jésus est au milieu de son peuple comme il nous l’a promis et il vient parmi nous, au milieu de nous. C’est lui le centre de la célébration, y compris selon la disposition de l’assemblée. J’en ai une conscience forte quand je célèbre.
Le rôle du prêtre est important puisque c’est lui qui préside le culte, qui en est le ministre. Par contre, il ne fait pas le pont entre Dieu et les fidèles, il n’est pas le médiateur, le seul médiateur est le Christ qui se rend présent sur l’autel aux paroles du prêtre et qui vient en chacun de ses fidèles au moment de la communion. Le moment où le prêtre est à l’autel, face aux gens, présentant le corps et le sang du Christ est donc essentiel, central.
Trois autres lieux sont remarquables.
L’ambon d’abord : c’est le lieu d’où la parole est proclamée, une parole qui nous dépasse, qui ne vient pas de nous, d’où l’importance de ce qui est dit après chaque lecture : « parole du Seigneur » avec la réponse des fidèles « nous rendons gloire à Dieu » et après l’évangile « acclamons la parole de Dieu » « louange à toi Seigneur Jésus ». Le lecteur affirme par là que ce n’est pas sa parole qu’il proclame, qu’elle ne vient pas de lui. Les deux réponses se complètent et se ressemblent dans le fond. Il est bon que rien d’autre ne soit dit à partir de ce lieu, à l’exception de l’homélie qui se présente comme un prolongement de la parole proclamée sauf qu’elle est davantage la parole d’un homme.
Le lieu d’intervention du président ensuite : là se fait l’accueil, les premières prières, les interventions non essentielles du prêtre. Il est bon qu’il soit aussi mis en valeur.
La place enfin de l’animateur des chants ou de celui qui anime la cérémonie. Il est bien que cet endroit soit davantage discret pour que les autres places gardent leur place prépondérante. Les chants ne sont pas l’essentiel de la célébration, ils permettent de la vivre, de donner une atmosphère festive et priante, mais ils sont au service. Ils ont moins de valeur en eux-mêmes qu’en fonction des caractéristiques de la liturgie du jour.
Les fleurs et autres décorations sont du même ordre à savoir : elles sont là pour marquer l’importance proportionnelle de chaque lieu et pour évoquer à leur façon les particularités proposées par les équipes de liturgie et par le temps liturgique. Leur fonction de décoration est orientée en fonction d’un sens qu’ils servent.
Outre ces aspects qu’il faudrait progressivement faire entrer dans la mentalité des fidèles présents, il serait bon de leur faire comprendre qu’ils ne sont pas là uniquement comme spectateurs d’une liturgie où ils n’ont pas de rôle à tenir. Ils devraient en être partie prenante, par les chants et les réponses bien sûr, mais par leur implication active dans les propositions qui sont faites en fonction des temps liturgiques et des particularités de certaines célébrations.
Certains se déclarent gênés dans leur prière par les manifestations, qu’ils jugent parasites, par des enfants, par des intentions particulières ou des propositions qui changent leurs habitudes. Il en est qui fuient toute célébration sortant de l’ordinaire. Or une célébration est au contraire la manifestation d’une communauté qui se retrouve pour partager ses actions, ses décisions ; une communauté qui se cherche et qui tente de se remotiver pour repartir dans la vie de chaque jour. La célébration n’est pas une parenthèse de l’existence, mais un temps de partage et de ressourcement que l’on prend avant d’être renvoyé vers ceux qui ne sont pas là. Comme il est bon de dire en ouverture que nous venons, bien qu’ils soient absents, avec nos proches et ceux que nous côtoyons, il convient d’être conscients en partant que c’est vers eux que nous sommes renvoyés.
Comment faire en sorte que les pratiquants du dimanche acceptent d’être bousculés dans leurs habitudes jusqu’à devenir missionnaires ?
Comment aussi faire en sorte qu’ils participent à la dynamique de ce qui est proposé, qu’ils apprennent à prier par le chant, à entrer dans une démarche de carême, en adhérant aux propositions qui sont faites ? Ce n’est pas un moyen de les détourner de leur foi ou de leur prière, mais une invitation à sortir de leur intimité pour se fondre dans une prière qui les dépasse : la prière de l’église qui passe aussi bien par les formules stables du rite que par la prière plus particulière proposée et actualisée par des équipes de liturgie, des prêtres et diverses composantes de la communauté.
La messe dominicale est le temps où les membres de la communauté se retrouvent dans leur diversité, quittent leurs groupes particuliers et leur forme de prière propre pour s’ouvrir à une prière plus grande qu’eux, dont ils ne sont pas les maîtres, qui ne se caractérise pas par un repli sur l’intimité de chacun mais qui consiste à se noyer, à prendre part à des gestes et des paroles qui dépassent l’individualité des pratiquants.
J’espère que vous ètes bien remis de votre séance d’Aikido d’hier soir : vous sembliez bien fatigués. Mais c’est une saine fatigue.
Très bien ce texte destiné aux équipes liturgiques.
Sur la 1ère partie, je ne suis pas théologien et vous laisse librement apprécier la place du prètre dans les célébrations.
Sur le reste, le texte est précis et permet de donner à chacun sa place.
Mais pour l’ambon, ça veut dire que la PU ne doit plus ètre lue de cet endroit ? ni les annonces en fin de messe ?
Avec humour, je résume ce nouveau commandement :
Pour lire la PU et les annonces, tu n’iras pas à l’ambon … point !
Pour la PU c’est discutable. Pour les annonces il vaut mieux éviter effectivement.