
Dans ce texte de Saint Jean, Jésus associe la foi en lui et la joie. A plusieurs reprises, le pape François parle de même : joie de croire, joie d’aimer, joie de se retrouver en Église puisqu’il est aussi question d’unité. L’association n’est pas immédiatement perceptible par tous !
Mais qu’est-ce qu’être dans la joie ? Ce n’est pas forcément synonyme d’exubérance… Être un peu réservé n’empêche pas la joie profonde de celui qui se sait aimé. Dans les périodes difficiles pendant lesquelles on se sent perdu, la confiance de l’amour est apaisante et permet de passer bien des épreuves. La conviction d’être uni à l’Église procure également une paix et une joie profondes. Certes, on peut à bon droit critiquer cette institution mais il en est d’elle comme de toute famille : je n’en connais pas où tout va bien, où l’entente règne en permanence. Par-delà les tensions, ce qui réunit ses membres, c’est de se sentir liés, de reconnaître que l’on fait partie d’un tout, que l’on dépend les uns des autres, que l’on ne peut s’en passer sans se mutiler et il vaut mieux ne pas attendre la mort de ses membres pour s’en apercevoir…
C’est pareil avec l’Église. Vivre en communion avec elle, ce n’est pas rêver d’une Église parfaite sous peine de la quitter parce qu’elle ne correspond pas à ce que nous imaginions, à ce que nous souhaiterions. Personne n’est parfait que ce soit du pape jusqu’au dernier de ses fidèles, en passant par les prêtres… C’est bien comme dans la famille : s’il n’est pas facile de supporter les imperfections des autres, sans compter les nôtres, il faut reconnaitre cependant qu’il est dangereux de la quitter parce que c’est par elle que nous vient la vie, c’est par elle que je tiens.
Ainsi peut-on être tenté de quitter l’Église parce qu’elle nous déplait par bien de ses aspects… mais pour aller où ? Où trouver un groupe parfait qui répondrait à toutes nos attentes ? La communauté des chrétiens n’est pas extraordinaire mais c’est la mienne, elle m’aide à tenir et à rester debout. Elle est même souvent la source d’une joie profonde : je ne suis pas isolé, seul à prier dans mon coin, d’autres me soutiennent et on est ensemble pour prier. Tout seul dans ma chambre, je sais malgré tout que je fais partie d’une communauté qui prie comme moi et avec moi. C’est cela, la joie dont parlent les évangiles : ce sentiment, cette conviction, cette confiance que nous ne sommes pas seuls, que nous sommes portés dans la vie, dans la paix, dans l’amour et dans la foi par une foule d’anonymes pris dans le même dynamisme.
En outre, l’Église nous met sur le chemin de la confiance en un Dieu proche que nous rejoignons avec elle. Chaque fois que nous nous tournons vers lui, il est là et même quand nous le laissons, il reste présent, prêt à nous soutenir. Voilà le fondement de la joie : savoir que quelqu’un nous aime profondément, totalement, sans réticence malgré nos défauts, malgré tout ce que nous pouvons faire de mal, tout ce qui nous désoriente… Savoir que quelqu’un m’aime, c’est ce qui nous fait tenir dans l’espérance, dans la foi et qui nous permet d’habiter la joie.
Oui, il est des moments pour « s’éclater » , pour oublier les vicissitudes de l’existence par des temps de fête mais cela ne remplace pas la recherche d’une paix intérieure, d’une joie profonde, celle qui est présente en permanence, comme une tâche de fond et que l’on retrouve quand on revient sur soi, quand on ose s’abandonner en acceptant d’être aimé pour que la joie soit en nous et qu’elle nous aide à être vivant.