Jésus est né

À leur retour, les apôtres racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Il les emmena et se retira à l’écart du côté d’une ville appelée Bethsaïda. L’ayant su, les foules le suivirent. Jésus les accueillit ; il leur parlait du Règne de Dieu, et il guérissait ceux qui en avaient besoin.  Luc 9, 10-11.

Qu’est-ce qu’il pouvait bien leur raconter à ces gens qui cherchaient surtout à être guéris ? Qu’est-ce que c’est que « parler du Règne de Dieu » ? Ce doit être passionnant puisque les foules en oublient de manger.

La question me trotte dans la tête depuis quelques temps. C’est quoi ce monde de Dieu, ce Royaume qui vient et qui est déjà là ?

N’est-il pas avec ce petit groupe de chrétiens qui déambule entre les tours de Saige, avec des lampions qui prennent feu, accompagné par une bande d’enfants, en chantant « Il est né le divin enfant », soutenu par un accordéoniste musulman qui ne sait guère jouer que « Vive le vent d’hiver » ?

Jésus n’est-il pas en train de naître chez cette femme qui me parle de son amour pour son mari, mort il y a plus de vingt ans ? Un Royaume plus fort que la mort.

Jésus nait avec cette petite fille qui, du haut du caddie de sa mère, dit en me montrant à la dame qui pèse les fruits et légumes : « c’est le prêtre ».

Le monde de Dieu nait avec ces travailleurs de chez Ford qui, après des années, se battent encore pour que le site ne disparaisse pas.

Il est avec ces irréductibles qui se regroupent pour une soirée, autour des « invisibles », ces prêtres ouvriers que beaucoup pensent enterrés alors qu’ils s’engagent encore pour la dignité des petits et des exploités.

Jésus ne nait pas uniquement pendant la messe de Noël, il est là aussi au sein de ces familles qui se retrouvent le temps d’une fête. Il est dans nos yeux, un peu embrumés en fin de soirée, quand nous sommes heureux de ce temps passé ensemble.

Il est dans la main que l’enfant tend vers son Papi pour lui montrer qu’il l’aime et qui se blottit contre sa Mamie pour un câlin express. Il est dans ce bisou de l’handicapé, certes un peu baveux mais tellement plein d’affection.

Le Royaume il est dans ce cercle, formé en silence par des hommes qui refusent de se résigner à l’injustice.

Le Royaume grandit quand des chrétiens sont accueillis par leurs voisins et qu’ils parlent ensemble de ce qui les préoccupe, par delà leurs différences.

Il est en germe dans ce message de Noël, accepté par celui qui le reçoit et qui met un terme à des années de brouille.

Que la route soit encore longue jusqu’au Royaume dans sa plénitude, nous ne le savons que trop. Aujourd’hui je préfère lire Noël dans le sourire de celle qui vient d’avoir ses papiers, après des années de galère, comme dans cette fleur inespérée qui éclôt sur un bonsaï oublié.

Et pour toi, où Jésus est-il en train de naître ?

O vous qui cherchez le bon Dieu dans les nuages,


Vous ne verrez jamais son visage.


O vous qui cherchez le bon Dieu dans les nuages,


Vous manquerez encore son dernier passage!

Père Duval

Laisser un commentaire