L’évangile de ce matin est célèbre : il invite à enlever la poutre de son œil avant de chercher à sortir la paille de celui du voisin. Luc 6, 41-42.
Le même jour, les médias se font l’écho des réactions des musulmans face aux déclarations du pape qui confond islam et islamisme.
Comme lui je condamne l’islamisme, avec ses appels à la guerre sainte et son refus de donner sa place à la raison humaine. Mais commençons par balayer devant notre porte. Sans revenir aux Croisades, c’est bien au nom de la défense des valeurs de l’occident chrétien que Bush part en guerre. D’accord, il fait partie d’une secte protestante, mais Pinochet et Franco se réclamaient du catholicisme. Hitler était athée, une chance ! et les valeurs prêchées par les nazis, malgré le "Gott mit uns", relevaient plus du retour à la nature et aux valeurs ancestrales, heureusement ! Mais qui pourrait prétendre que tous les groupes de chrétiens sont des modèles de pacifisme ?
Benoît XVI a beau jeu de dire que ces personnages ne sont pas fidèles au christianisme, mais l’Islam modéré prend de même ses distances par rapport à ses extrémistes.
Même chose pour le rapport à la raison : les intégristes chrétiens américains s’efforcent de changer les livres d’écoles pour qu’y soit supprimée la mention de la théorie de l’évolution ! On a bonne mine de critiquer l’obscurantisme musulman !
Et si, au lieu de parler de nos imbéciles réciproques, chacun essayait de trouver chez l’autre ce qu’il a de meilleur ! Peut-être ferions-nous des progrès dans le dialogue interreligieux.
Enfin, comment Benoît XVI est-il aussi certain que la logique de Dieu est la même que la logique humaine ? Je trouve extrêmement dangereux de prétendre que les deux fonctionnent de la même manière. Je ne me sens pas le droit d’imposer à Dieu sa manière de penser. Il m’arrive souvent de trouver sa logique étrange. Bien des textes de la Bible en font autant et les mystiques avouent leur ignorance. J’ai peur des théologiens quand ils débordent de certitudes sur Dieu.
À la question « Dieu pouvait-il faire que la somme des angles d’un triangle n’égale pas deux droits ? » Descartes et Pascal avaient des réponses contraires. Je préfère laisser la question ouverte.