ô solitude

Ce que nous sommes, ce que nous savons, ce que nous croyons, ce que nous possédons, les idées qui sont dans notre tête… tout vient de nos relations avec les autres. Avons-nous la prétention d’avoir inventé quelque chose ? Plus ces contacts sont larges, plus nos sources d’information sont variées et plus nous acquerrons des possibilités pour grandir… même si nous n’en profitons pas. Les rencontres de personnes différentes, les expériences dans des lieux étrangers sont autant de chances d’ouvrir notre esprit si nous acceptons de nous décentrer. Ouvrons-nous pour ne pas nous rabougrir ! Car au fur et à mesure que grandit notre solitude, nos capacités d’élargir notre être s’amenuisent. Qui se replie sur lui-même voit sa vie s’étioler.

Bien sûr que nous avons besoin de moments de solitude pour faire le point, pour mettre de l’ordre dans les richesses que nous propose l’extérieur. Pour éviter de me laisser emporter par un flot d’informations et par une activité débridée, il vaut mieux que je me donne des temps de reprise, d’évaluation, dans le calme, comme Jésus qui se réfugiait dans la montagne pour prier.

Car il en est de même au niveau de ma foi : si je n’invente rien puisque chaque chrétien reçoit tout de l’église par l’intermédiaire des écritures lues dans diverses communautés, il est nécessaire en parallèle de prendre des moments de recueillement, de prière solitaire pour que ma participation aux célébrations communautaires en soit nourrie. Inversement, si je me contente de prier dans mon coin, ma foi s’assèche progressivement par manque des nourritures spirituelles venant de la vie avec les autres chrétiens. Même les grands spirituels en ont fait l’expérience et les moines ont besoin d’une communauté pour que leur rapport à Dieu ne se tarisse pas du fait de leur isolement.

La solitude n’est enrichissante que lorsqu’elle vient en alternance avec des moments de ressourcement intense au contact de l’entourage. Celui qui cherche à revenir au centre de lui-même pour y trouver la source de sa personne s’aperçoit qu’il n’y a pas de centre à moins qu’il n’y retrouve Dieu.

La solitude est destructrice surtout quand elle n’est pas assumée parce que subie : celle de celui qui a été abandonné, celle du chômeur privé brutalement des contacts avec ses collègues et avec une activité qui l’obligeait à se lever, celle du jeune qui se sent rejeté, celle du vieillard qui voit progressivement les gens disparaître autour de lui parce qu’ils meurent à moins qu’il ne les fasse fuir. Il est des gens qui s’en vont ainsi, abandonnés de tous, sans plus personne pour les accompagner dans leurs derniers moments et jusque au bord de la tombe. Si les retraités se disent aussi souvent surbookés c’est qu’ils ont peur de ce vide qui les menace.

Certes ceux qui se retrouvent seuls sont en partie responsables. Pour peu qu’on se laisse aller, l’existence se déroule tristement sans aucun relief et s’achève dans l’indifférence générale. Quand la dépression s’installe progressivement on ne sait plus si c’est le malade qui s’isole ou si le vide se fait autour de lui du fait de son environnement.

Parce que la communauté n’est jamais très loin, la vie en église nous protège grandement de la solitude mortifère mais il faut quand même se bouger !

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