Lettre aux Hébreux
(He 12, 18-19.22-24a)

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, il n’y avait rien de matériel comme au Sinaï, pas de feu qui brûle, pas d’obscurité, de ténèbres, ni d’ouragan, pas de son de trompettes, pas de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.
Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des milliers d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous les hommes, et vers les âmes des justes arrivés à la perfection.
Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une Alliance nouvelle.

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Je me suis arrêté à ce texte dans cette période de révélation sur les nuits de la foi de Mère Térésa. Un peu tous les medias semblent s’étonner qu’elle soit restée 50 ans en se posant des questions sur Dieu, en se demandant si elle avait la foi et sans éprouver de paix ou de satisfactions sensibles dans la prière. Elle a dit que son sourire qu’on nous sert pourtant sur toutes les photos, n’était qu’un masque cachant son désarroi.
Quoi de plus naturel pourtant ? Les plus grands mystiques sont passés par ces moments, terribles pour un croyant, quand il se demande s’il n’est pas abandonné de Dieu. En général ils n’en sont sortis que pour de rares moments d’une transitoire sérénité. Que Mère Térésa soit passée elle aussi par cette expérience est plutôt une bonne nouvelle, surtout pour nous qui avons souvent du mal à vivre nos expériences de foi dans l’enthousiasme.
J’avais beaucoup travaillé à l’époque, en écrivant Être mystique (1994 éditions du Cerf), sur ces moments où les grands saints perdent leurs repères et en sont même heureux, malgré les difficultés que cela comporte. Saint Jean de la Croix, comme sainte Thérèse d’Avila, restée elle aussi 50 ans dans la nuit, ont connu ces périodes où il leur semblait qu’ils étaient abandonnés de Dieu. Pour sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la sainte Face et donc pour Mère Térésa, l’épreuve est plus douloureuse encore puisqu’elles en viennent à douter de l’existence même de Dieu, chose à peine imaginable au XVIè siècle.
N’oublions pas pour autant la fin du texte. Si nous sommes privés de grandes manifestations sensibles, ne perdons pas pour autant la conviction que nous allons vers Dieu, même dans la nuit et que Jésus est le médiateur de l’Alliance nouvelle, quand bien même nous ne ressentirions rien de sensible.