Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli !
Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Bien sûr que le texte est choquant si on en reste à l’image d’un Jésus falot et sans envergure, tout juste bon à débiter des propos bien pensants sur l’amour et le respect d’autrui.
Tout change quand on s’intéresse de près à ce qu’a été sa vie. Jésus est loin d’avoir été un personnage consensuel attirant les hommes par de bonnes paroles et des miracles. Il a certes séduit la majorité de ses contemporains au début de sa vie publique. Il appelait à la paix et à la douceur, il se rapprochait des petits et des pauvres, il promettait un Royaume de justice que l’on n’avait pas besoin de gagner par les armes.
Même l’intransigeance de ses propos a d’abord séduit les partisans de la rigueur et de la pureté. Ils ont vu en lui la promesse d’un retour de l’ordre et de la religion. Mais les propos et les actes de Jésus les ont progressivement déçus. La séduction première s’est changée en suspicion et leur agressivité a laissé progressivement la place à une haine féroce. Ils ont même entraîné à leur suite la majorité du peuple qui, après l’avoir acclamé, a demandé sa mise à mort.
Les pauvres avaient tout à gagner à suivre Jésus, mais ils se sont laissé séduire par les grands qui les gouvernaient, abusés par leur autorité estampillée. Ils étaient bien peu au pied de la croix à ne pas insulter celui qui y était pendu.
Il suffit de lire les évangiles pour se persuader que ce n’est pas la paix que Jésus a fait naître autour de lui, mais le feu, comme il le dit. Je me méfie alors des discours trop lénifiants, de ces messages d’amour qui vont tellement dans le sens de la pensée dominante qu’ils n’ont plus aucun impact significatif. La parole de Jésus est une épée tranchante, même et surtout quand il parle d’amour.