Jésus s’était retiré vers la région de Tyr et de Sidon.
Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. – C’est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Un des passages les plus désarçonnant de tous les évangiles.
Jésus est-il raciste ? Même ses disciples sont plus accueillants que lui, ou plus pressés de se débarrasser de cette femme. Jésus est-il enfermé dans une vision étroite de la mission ? trop marqué par ses origines humaines ? répète-t-il les stéréotypes de son temps ?
Plutôt que de s’attacher à des questions dont on ne connaît pas la réponse ou d’inventer des justifications, mieux vaut admirer l’obstination de cette femme que rien ne rebute, même pas les insultes, quand il s’agit de sauver sa fille. Elle est capable de voir un sauveur dans cet étranger qui la rabroue.
C’est peut-être cela le plus difficile : trouver un intérêt dans ce que nous dit quelqu’un qui ne va pas dans le sens de notre poil.