S’ouvrir au différent ?

Unknown

Cette question se pose parce que, chrétiens, il nous arrive d’hésiter sur le comportement à adopter dans le monde d’aujourd’hui. Faut-il défendre notre Église comme si elle était une citadelle assiégée ? Vaut-il mieux nous couler dans les changements actuels en évitant de nous poser des questions ? Nous n’avons pas envie d’abandonner les idéaux qui nous tiennent à cœur et nous avons conscience cependant qu’ils ne sont plus en phase avec ce qu’attendent nos contemporains. Avons-nous le droit de les juger, leur sommes-nous supérieurs, faut-il aménager des espaces réservés où nous serions à l’abri… ? Est-il certain que tout ce à quoi nous croyons ne trouve plus d’écho ? Si nous ne pouvons pas tout accepter, l’Évangile nous invite cependant avec insistance à la miséricorde… Ces questions se bousculent dans notre tête …

Le Pape François nous propose de commencer par aimer sans condition ceux qui nous entourent, y compris quand leur comportement dérange nos convictions… Allons-nous répondre à son invitation ? Même si, globalement, leurs manières de faire se révèlent loin de l’Évangile auquel nous sommes attachés, il faut croire que ceux qui nous entourent sont habités par des désirs, des espoirs proches des nôtres, et que dans leurs choix de vie transparaissent des efforts pour dépasser ce qui attire vers le bas. C’est cette source de la vie divine en eux que nous devons reconnaître pour la rejoindre et l’aider à jaillir. Ce n’est pas une invitation à l’optimisme : c’est un devoir de croyants…

Parce que nous sommes trop sensibles aux différences qui sautent aux yeux, nous devenons incapables de voir en quoi nous sommes semblables : nous sommestous  nourris pareillement de la vie de Dieu. L’Esprit fait aussi son chemin chez ceux que nous jugeons « hors normes » et nous serions bien inspirés d’en prendre conscience.

L’image de l’Église que le pape privilégie n’est pas celle d’une citadelle assiégée que les chrétiens seraient appelés à défendre pour sauver ce qui peut l’être encore mais celle d’un hôpital de campagne. Dans cette structure-là, il n’est pas temps de nous focaliser sur les bobos ou les affections qui peuvent attendre car il faut sauver des vies. Vivre en Église ne consiste pas à préserver une institution, toute vénérable qu’elle soit,mais à aller vers les blessés de la vie, ceux qui n’ont plus de repères, ceux qui désespèrent des autres et d’eux-mêmes, ceux qui sont incapables d’aimer ou qui se perdent dans des amours sans avenir…

Nantis d’une telle mission, peut-être que nous laisserons de côté nos réticences (fort compréhensibles au demeurant…)face à des comportements choquants pour aller à l’essentiel : l’amour de notre prochain