Il n’y a rien à voir

Christ est ressuscité ! Telle est notre proclamation en ce temps de Pâques. 

On aimerait cependant s’appuyer sur des bases solides, du grand spectacle : davantage de lumières, d’anges et de manifestations cosmiques… or il n’y a rien à voir… On ne nous présente qu’un tombeau vide et quelques personnes qui disent l’avoir vu après sa mort. C’est peu pour s’enthousiasmer, il faut y croire…

L’enjeu est d’autant plus important qu’il s’agit du plus grand événement depuis la Création du monde : la victoire définitive de la vie, le virage décisif qui nous arrache aux dérives de mort, qui nous fait prendre enfin le chemin menant à l’amour et à Dieu. Alors on demande à voir !

L’espérance qui nous fait tenir et agir, c’est que les forces du mal ne l’emporteront pas jusqu’à la fin. Difficile d’en être les témoins tant le pouvoir des différentes formes de violence provoque de destructions dans le monde. Elles paraissent régulièrement l’emporter sur la paix. Cependant, on se plaît à croire que ces victoires sont sans lendemain. Parce qu’ils provoquent des milliers, des millions de morts, il faut lutter de toutes nos forces contre les faiseurs de guerres et contre les puissances destructrices de l’argent. Mais ce qui soutient nos engagements et nous aide à garder confiance est que les tyrans finissent par disparaître et leurs constructions maléfiques avec eux.

Certes, la victoire de la vie n’est jamais définitive. Des petits Hitler renaissent sans cesse avec leur cortège de victimes et leurs promesses haineuses. On persiste à craindre les conséquences catastrophiques du pouvoir des Trônes et des Dominations dont parlent les évangiles mais ils finissent par être éliminés eux aussi. Tant que les peuples ne perdent pas l’espoir, ce n’est pas la fin de tout : c’est la promesse de l’Ukraine et un encouragement après les élections de ces jours.

Il reste que tout danger de disparition totale de la vie n’est pas écarté et il faudra attendre la Parousie pour que la réalisation plénière des promesses de la résurrection du Christ entre complètement dans les faits. Tant que les peuples persisteront à croire qu’ils peuvent forcer l’histoire à aller dans le sens de leur liberté, l’avenir restera ouvert. L’espoir faiblit chaque fois qu’ils se soumettent et se résignent à endosser la tenue d’esclave. Résister à la violence, aux puissances d’argent, aux tyrannies de toutes sortes… est la condition de la persistance de l’homme dans sa dignité. Qu’il baisse les bras et l’humanité se trouve en danger.

L’autre menace radicale vient de la folie des hommes quand ils ne pensent pas devoir respecter leur environnement, condition de leur survie. La nature s’en remettra, pas l’humanité. Face à cette menace totale, l’espérance demeure-t-elle que l’homme finira par retrouver la raison avant qu’il ne soit trop tard ?

La résurrection du Christ n’élimine donc pas totalement les risques que font courir les errances humaines. Des questions demeurent. Saurons-nous vivre de l’espérance qu’elle inaugure ? Quoi qu’il en soit, nous aurons besoin que Dieu parachève l’œuvre que nous nous efforçons de réaliser… Nos forces ne suffiront pas.

Laisser un commentaire