M’aimes-tu?

(Jean 21,1-19)

Il existe plusieurs manières de parler d’amour. Quand Jésus demande à Pierre : « m’aimes-tu ? », il emploie le verbe grec « agapein » qui évoque un amour absolu, sans réserve, celui qu’on attribue volontiers à la manière dont une mère aime son enfant. Dans sa réponse, Pierre, prudemment, change de verbe. Il emploie « philein » qu’on pourrait traduire par : « je t’aime bien »… Peut-être que son expérience passée l’a rendu prudent : il se souvient qu’il n’y a pas si longtemps, juste après avoir proclamé son grand amour pour Jésus avant son arrestation, il a déclaré par trois fois ne pas le connaître ! Cela calme les grands élans futurs…

Jésus, sans se décourager devant ce petit écart, revient à la charge en lui demandant une deuxième fois s’il l’aime plus que tout. Même réponse de Pierre, embarrassée et toute aussi prudente : « Toi tu le sais j’ai beaucoup d’affection pour toi ! »

Jésus finit par se plier aux réserves de Pierre. Quand il l’interroge une troisième fois, il lui demande juste s’il a de l’amour pour lui, ce qui doit le mettre plus à l’aise : « Tu sais bien que je t’aime ! »

Ainsi Jésus nous demande le maximum, il voudrait tout notre amour mais il accepte aussi nos réticences et veut bien se contenter de ce qu’on veut bien lui offrir pourvu qu’on accepte de le suivre malgré nos petitesses. Comme on le voit dans le texte, chaque fois que Pierre proteste de son amour pour Jésus, même imparfait, il se voit attribuer de nouvelles responsabilités. Ce disciple n’était pas parfait, il n’était peut-être pas le meilleur des apôtres, ni celui qui l’aimait le plus. Il a renié, résisté, a été incrédule… c’est pourtant lui que Jésus a choisi pour conduire les débuts de son Église. Il est tombé à plusieurs reprises mais s’est relevé chaque fois et a été moteur pour ses frères qui traversaient les mêmes difficultés que lui. Alors pourquoi pas nous ?

À notre égard également, les exigences de Jésus sont grandes. Il vise au plus haut bien que nous avancions à petits pas. Il nous propose, malgré nos faiblesses qu’il connait mieux que nous, de prendre des responsabilités dans son Église. En effet, elle ne peut vivre, grandir et s’ouvrir à tous que par l’engagement de chacun des chrétiens, même les plus modestes.

Il n’y a que dans certains moments d’exaltation que nous sommes capables de dire à Jésus : « Je t’aime plus que tout, je donnerais ma vie pour toi ! » Même s’il n’y croit pas trop, Jésus dit à chacun : « Viens et suis-moi » et « si tu tombes, quand tu reviendras, affermis tes frères ».

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