« Je crois en la résurrection de la chair »

C’est ce que nous disons dans le « Je crois en Dieu ». Mais la chair, c’est quoi ?

Le corps ? Oui et non…

Non, si on le réduit à un ensemble de cellules. Le corps qu’elles forment change de la naissance à la mort. Malgré nos efforts, il ne va pas en s’arrangeant et finira par disparaître pour être repris dans la grande valse de la vie. Peu de chance que nous retrouvions nos cellules… !

Oui cependant, car le corps a bien d’autres dimensions : par lui nous communions avec le monde. Sans lui, impossible de penser, de parler, d’entretenir des relations… Loin d’être une enveloppe qui emprisonnerait notre esprit, il nous ouvre sur l’extérieur par l’intermédiaire de nos sens et conserve nos acquis. Nous n’avons pas un corps : nous sommes un corps puisque c’est lui qui pense, qui apprend, qui aime, qui sent, qui prie, qui rêve… Comment imaginer un esprit humain désincarné ? Aussi doit-il ressusciter, profondément transformé certes, transfiguré à la lumière de Dieu mais il n’y a pas de vie en plénitude sans communiquer, aimer, contempler, savourer, ressentir, circuler dans l’amour…

Poussons plus loin : la chair n’est pas que ce corps. Elle désigne aussi notre histoire, ce que nous avons construit, appris, aimé au cours de notre vie et qui fait notre identité. Quel intérêt de ressusciter si c’est pour perdre ce que nous avons élaboré au fil du temps ? Oui, le résultat a besoin d’être transfiguré mais nous voudrions que cette chair persiste dans le prolongement de cette construction que nous avons réalisée de notre vie.

Ce qui fait notre chair enfin, ce sont ceux que nous avons côtoyés : les membres de notre famille qui nous ont amenés au jour, les amis et les éducateurs par qui nous avons grandi, la foule de ceux, vivants ou morts, avec qui nous avons fait un bout de route, les animaux, la nature, cet environnement qu’il est impossible de détacher de ce que nous sommes. Ils sont notre chair :  sur la terre comme au ciel, comment exister sans eux ?

Pour beaucoup, ce sont là des délires qui naissent dans le cerveau de ceux qui ont peur de disparaître. On ne peut pas exclure cette possibilité, c’est même pour cela que nous disons « Je crois » ou « J’espère » et non « Je suis sûr » mais s’il faut ressusciter, autant que ce soit avec notre chair, sinon à quoi bon ?

D’ailleurs, quand nous parlons de notre âme, c’est à cette symbiose de la chair et de l’esprit que nous pensons. Elle n’est pas immortelle puisque nous sommes entièrement voués à la mort. Mais nous pensons que le même Dieu, qui nous a aimés tout au long de notre existence, ne nous abandonnera pas au moment du grand passage et qu’il nous redonnera une vie, la nôtre transfigurée pour supporter, dans l’éternité, l’immersion dans la splendeur de l’amour du Père.

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