Je ne suis pas très attiré par le lavement des pieds du Jeudi Saint. Sans doute était-ce une expérience forte pour les disciples mais elle ne veut plus dire grand chose aujourd’hui. Ce n’est pas que le geste me rebute : il n’engage pas tant que ça et il plaît même à certains. Je pense plus exactement que se mettre à la suite du Christ ne consiste pas à mimer certains de ses gestes, en dehors de leur contexte qui plus est, mais à poser des actes qui ont du sens pour notre temps, ce qui demande des efforts d’imagination.
Je me suis demandé du coup comment je lavais les pieds à mon tour en mémoire du geste de Jésus. J’ai pensé que, peut- être, les heures que je passais devant mon clavier à chercher le mot juste, à m’interroger sur la formule qui, sans chercher l’effet, dit précisément le sens de ma recherche, que c’était une manière parmi d’autres de vous laver les pieds. Certains aiment ça puisqu’ils me lisent !
Et vous, comment lavez-vous des pieds à la suite du Christ ?

Ils étaient trois, quatre, six ou huit, parfois plus, le mercredi matin à Charles Perrens, pour un » Temps de parole ». On été censé partager les textes de la masse du dimanche suivant? Mais très vite on glissait vers le délire. Toute la semaine ils vivaient ensemble et se croisaient dans l’hôpital mais comme s’ils ne se connaissaient pas.
Là , à la chapelle, petit à petit, ils ont commencé à se parler, surtout à s’écouter. Ils ont découvert que l’autre existait, qu’il avait, lui aussi sa part de souffrance (ses problèmes comme ils disaient).. qu’il avait besoin de la dire (de la gueuler) parfois.
Ils ont appris l’écoute, la patience, la tolérance…. « Laissez-le/la parler, écoutez! » cela pouvait aller, mème, jusqu’à la compassion., toujours à la limite du délire. Pourtant, je crois que là ils » se lavaient mutuellement les pieds ».