Christ-Roi

Le Christ Roi de l’univers

Ce titre, une plaisanterie ! La prétention ridicule d’un condamné à mort qui va être exécuté juste à la suite ! Et c’est ce que nous allons fêter dimanche…

D’autant plus risible que le Christ et son message continuent d’être bafoués. Son bilan est maigre !

Ainsi (pauvre Création !) notre planète se dérègle et les hommes en sont largement responsables du fait de leur appétit insatiable et de l’avidité des puissances d’argent. La menace se précisant, nous nous sentons de plus en plus directement concernés tandis que les conséquences de ces phénomènes deviennent immédiatement perceptibles. Certains craignent même un effondrement du système.

Où est ce roi que nous fêtons quand les guerres, les violences, la haine s’étendent et que des tyrans en profitent pour se mettre en place et pour se maintenir, avec parfois l’assentiment de peuples désespérés, quand des pauvres sont refoulés sans ménagement ? Nos craintes grandissent quand ces dérives s’approchent de nos frontières et commencent à nous concerner. Nous sommes ainsi menacés de l’intérieur et de l’extérieur par des manœuvres totalitaires et xénophobes.

Nous finissons par prendre une conscience aigüe que le mal ne se limite pas à nos petits péchés personnels : son emprise s’étend partout dans le monde. Notre angoisse grandit, accompagnée d’un profond sentiment d’impuissance, au point qu’il ne manque pas de gens qui préfèrent se replier sur leur petit espace personnel ou sur la défense des chiens perdus.

Alors, quelle est l’efficacité de la piste ouverte par le Christ-Roi s’il se contente de mourir et de refuser la prise de pouvoir par la violence ? N’est-elle pas illusoire ? Elle rejoint, il est vrai, l’aveu de notre faiblesse et de notre incapacité à résoudre les problèmes immédiatement. En positif, elle voudrait, de plus, enclencher un long processus de transformation qui, tout en reconnaissant la profondeur du mal existant dans notre monde, croit qu’il est possible de le renverser pour un changement global.

La piste ouverte par Jésus nous invite donc à ne pas baisser les bras et, sans regarder ailleurs ni se détourner de la réalité, à agir obstinément à notre niveau. Les lamentations sur les malheurs de monde ne conduisent qu’à la dépression tant qu’elles ne s’accompagnent pas de ces petits gestes du quotidien qui cherchent à ébranler la puissance du mal. Certes, je ne pourrai pas changer le monde tout seul, ce que personne ne nous demande d’ailleurs. Mais je peux prendre ma part en posant des actes qui, à partir d’implications personnelles, ouvrent à une dimension plus large : ne pas me contenter de fermer un robinet qui coule mais voir comment, avec d’autres, mieux m’engager pour le climat ; lutter contre l’obscurantisme en me renseignant et en défendant des positions éclairées quitte à me faire mal voir ; refuser de me réjouir des « victoires » des juifs, des israéliens, des arabes, des islamistes, des russes, des ukrainiens… tout en cherchant comment faire avancer la paix ; ne pas m’engager dans des dérives sectaires ou racistes… Les voies sont multiples, toutes à notre portée et, malgré leurs limites, elles valent mieux que de ruminer dans son coin.

Certes, la tâche est rude parce que le mal passe à l’intérieur de chacun et gangrène notre environnement. L’antisémitisme, l’islamophobie, le racisme, l’attrait du totalitarisme, le découragement face à la défense de l’environnement sont des tentations qui nous entourent et qui nous sont familières, en réalité elles font partie de nous-mêmes. Cependant, si l’on en croit le Christ-Roi, c’est en refusant la tentation de puissance et en s’engageant résolument, et au jour le jour, dans le refus du mal radical que nous parviendrons à inverser la spirale qui nous attire dans la mort.

Le pape François, qui est sans grand pouvoir, se démène pour faire avancer le respect de l’environnement et les efforts de paix et de fraternité. Nous-mêmes, encore plus démunis, devons avoir le courage de changer et de changer les choses autour de nous, d’autant que notre espérance de chrétien nous pousse à croire que Dieu élargira à l’infini nos pauvres tentatives de construire son Royaume.

Et si on prenait le Christ-Roi au sérieux ?!

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