« Que tous soient un »

Jean 17, 20-26

C’est ce que dit Jésus dans sa prière au Père. Il rajoute « comme toi Père tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous aussi. » Encore un souhait ambitieux ! Il n’y a pas d’exemple d’unité plus absolue que celle du Père avec le Fils… d’autant qu’il faudrait que nous entrions dans cette unité, que nous fassions partie de la Trinité, emportés dans ce courant d’amour qui les unit. Comment rester unis comme eux tout en gardant comme eux nos personnalités ?

Nous avons du mal… souvent, nous ne sommes qu’avec ceux qui nous ressemblent vraiment et, même avec eux, nous avons des difficultés. Tout va bien au début quand chacun fait des efforts pour ne mettre en avant que ce que nous avons en commun. Il est relativement facile alors de nous entendre avec ceux qui cherchent à être ensemble, en mettant de côté ceux qui sont trop différents de nous. On parvient à une certaine unanimité tant qu’on évite les sujets qui fâchent et que chacun masque les dissensions trop importantes. Il y a ainsi des amitiés superficielles qui peuvent durer…

Tout se complique si les relations s’intensifient entre collègues, dans un couple ou entre amis. Quand on commence à partager sur le fond, que l’on cherche à se mettre d’accord sur ce que nous pensons essentiel, les différences remontent à la surface et il faut alors les gérer. Si l’un se soumet ou si l’on se contente du plus petit dénominateur commun, les relations peuvent rester en l’état mais la personnalité de chacun n’est plus respectée et ce n’est pas comme cela que la Trinité fonctionne. 

Ainsi, l’unité des chrétiens peut être conçue comme le nivellement par le bas et l’exclusion de ceux qui ont des avis divergents. Certains souhaitent pareillement se débarrasser de ceux qui ne partagent pas notre culture. Ils ne se rendent pas compte qu’en supprimant les différences, ils stérilisent la vie. L’uniformisation n’est jamais une solution dynamique. 

Cependant, essayer de s’enrichir de la différence de l’autre, sans l’annexer ni se laisser envahir par lui, n’est pas une mince affaire : tous les couples en font l’expérience. La tentation est grande de changer de partenaire, de fuir ou de garder une distance respectable qui évite le trop d’étincelles.

Entrer dans la dynamique trinitaire peut aider à se décentrer. Si je renonce à être la norme de toutes choses, si j’ai assez d’humilité pour reconnaître que je ne me suffis pas, je vais peut-être finir par reconnaître que j’ai besoin des autres de même que je ne peux pas vivre sans Dieu. Si je reste au contraire enfermé dans ma vérité, je me condamne à ne pas entrer dans une unité plurielle et à mourir entre les murailles que j’aurai érigées. 

L’unité trinitaire est un modèle exigeant !

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