Notre pain quotidien

ordinaire

S’il faut croire la liturgie, nous sommes actuellement dans le « temps ordinaire ». Qu’est-ce à dire ? La période de Noël est encore toute proche, le carême pointe déjà à l’horizon : dans l’entre-deux, bien sûr, il ne se passe rien de particulier…Une sorte d’ennui risque même de nous envahir tellement nous sommes avides d’émotions nouvelles, de changement et nous avons tendance à combler tous les espaces disponibles de notre temps par des activités plus ou moins futiles : nous avons peur du vide des temps ordinaires…

Cependant, que demandons-nous à Dieu ? Dans le Notre Père, nous le prions de nous donner la nourriture nécessaire non pas pour des festins épisodiques mais pour chaque jour… Notre vie de foi ne peut pas se résumer, en effet, à une suite de temps forts qui ébranlent notre sensibilité. Elle ne peut se contenter, pour exister, de se déployer dans une succession de moments sortant de l’ordinaire. La rencontre de Dieu se réalisera tout aussi bien dans la banalité de nos vies, quand bien même elles connaîtraient des périodes sans éclat particulier, parce qu’il est présent sans éclipse et nous attend dans notre quotidien.

Il s’agit d’ailleurs d’une constante de notre condition humaine : la force d’une fidélité, tant dans l’amour que dans les autres engagements humains, ne se juge pas à partir des moments hors norme au cours desquels nous sommes portés par l’enthousiasme de l’exceptionnel, elle prend chair dans la banalité du quotidien où se vérifient les attachements de fond. Certains cherchent à renouveler leur flamme en goûtant au parfum de la nouveauté alors que c’est sur la durée, à l’épreuve des jours au cours desquels rien ne se passe, que se forgent les liens durables.

Il en est de même pour la foi. Nous avons, certes, besoin des périodes fortes de l’année liturgique, de célébrations qui nous bousculent mais il faut bien reconnaître qu’il nous arrive souvent de nous ennuyer au cours de nos prières et que bien des messes ne nous emportent pas aussi haut que nous pourrions le souhaiter… Nous en attendrions davantage de certaines homélies et nous peinons à trouver des lectures qui nous nourrissent. Il arrive que les évangiles eux-mêmes nous paraissent sans attraits.

Sommes-nous en train de perdre la foi ? Non. Nous passons par l’épreuve du quotidien et, plutôt que de chercher à nous rassurer en nous mettant en quête de sensations nouvelles, c’est le moment de demander au Père qu’il nous donne la nourriture nécessaire pour vivre avec lui chaque jour en avançant en sa présence.

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